J’ai un malaise à chaque fois que j’entends le mot « con ». C’est qu’il est toujours prononcé avec un petit accent de mépris par une personne qui semble, plus ou moins consciemment, porter un jugement sur une autre, lui apposant une étiquette incluant un choix de qualificatifs comme : imbécile, idiot, bête, crétin, débile, ridicule, niais etc.
D’abord je crois que personne n’est vraiment bête; nous avons tous, à un moment ou un autre de notre vie, des épisodes où, en y pensant avec un recul, on a eu des manques de jugement. Alors qui sommes-nous pour fixer cette étiquette sur un autre? On peut se dire que, si on était dans la peau de cette personne, avec tout le conditionnement qu’elle a subi, on aurait pensé et agi de la même façon.
Mais mon malaise est devenu plus grand, et j’ai banni ce mot de mon vocabulaire, quand j’ai réalisé l’origine de « con ». La racine latine cunnus (qui voudrait dire coin ou clou) se retrouve dans le mot cunéiforme pour parler de l’écriture en forme de coins des anciens Assyriens, Perses ou Mèdes. Donc dans le mot coin (comme un coin pour fendre du bois), je suppose aussi le mot cône et sans doute aussi beaucoup d’autres comme le mot cunnilingus par exemple.
Vous me voyez venir? Eh oui, con a d’abord servi à désigner le sexe de la femme, le vagin, la vulve. Pour en arriver plus tard à utiliser ce mot comme synonyme de toutes les bêtises énumérées plus haut, il fallait avoir sur la femme et particulièrement sur son sexe, un jugement fort méprisant. Comment vous sentiriez-vous si, pour vous traiter d’imbécile, on vous disait : « Espèce de pénis! »?
Ce con sacré est l’organe par où la femme accueille l’amour dans sa plus profonde intimité, sachant que l’être qui sera peut-être conçu en elle suite à cet accueil se nourrira d’elle-même, de sa propre substance, puis, éventuellement, de son lait qui est presque son sang, de son énergie et son amour, car il en faut beaucoup pour donner la vie.
Étant conscient de tout cela, j’espère que ce mot deviendra le symbole de l’amour, qu’il sera respecté et honoré comme tel.
Guy Richer 17 octobre 2013