Au départ ce qui nous rassemble est cette volonté d’améliorer nos relations humaines tant personnelles qu’à l’échelle planétaire. Sans doute il y a beaucoup d’obstacles. Ici, par exemple nous nous butons à la question de la langue. Certains sont choqués qu’on bloque sur ce problème parce qu’on perd du temps et ça ne fait pas avancer la discussion sur les « vrais » enjeux. D’autres sont choqués pensant que leur langue et leur culture sont menacées s’ils se laissent envahir par l’anglais comme langue universelle.
Je pense qu’il faut faire attention de ne pas écarter ce sujet du revers de la main en disant qu’il n’a pas de rapport avec le monde meilleur que nous cherchons à concevoir. Tout a un rapport et il faut aborder chaque question honnêtement et patiemment, sinon on ne règlera rien. La langue est notre principal outil de communication.
La langue maternelle est généralement facile à apprendre; c’est un jeu. Mais tous ceux qui ont fait l’effort d’étudier une deuxième langue savent que c’est difficile et que, pour bien s’exprimer et bien comprendre, c’est très difficile. Aussi, quand on se trouve dans un groupe qui discute dans une langue qui n’est pas la nôtre, on peut facilement se sentir démuni : on n’est pas sûr de tout comprendre et on ne trouve pas spontanément les mots pour exprimer ce qu’on pense avec toutes les nuances qu’on voudrait. Si, par exemple, il y a dans un groupe 10% des personnes qui sont d’origines anglophones et que les autres sont d’origines diverses, espagnole, française, chinoise, arabes etc. , on discutera généralement en anglais et il est évident que ceux qui ont l’anglais comme langue maternelle seront beaucoup plus à l’aise. Cela leur donnera une longueur d’avance sur les autres qui ne sont pas sûr de bien comprendre, qui hésitent et qui cherchent leurs mots. Cela peut créer un malaise inconscient et nuire à la communication, d’autant plus que, souvent, certains anglophones qui n’ont jamais été obligés d’apprendre une autre langue (parce qu’à peu près tout le monde essaie de se débrouiller en anglais) auront de la difficulté à réaliser le problème de communication qu’éprouvent les autres parce qu’ils ne l’ont jamais vécu. Puisque nous cherchons à développer une société plus juste qui donne sa chance à chacun, il faut tenir compte du problème de communication lié à cette « inégalité » linguistique.
C’est pour solutionner ce problème que le Polonais Ludovik Zamenhof a créé l’espéranto en 1887. Il cherchait à inventer une langue facile à apprendre, sans règles d’exceptions, qui prendrait ses racines dans plusieurs souches linguistiques différentes et qui pourrait servir de langue seconde universelle, plaçant tout le monde sur un pied d’égalité. Il existe d’autres possibilités de langues communes comme celles, par exemple basées sur le langage des sourds-muets ou des langues par signes développées par les amérindiens. Mais pourquoi pas l’espéranto qui est une langue parlée et qui existe déjà dans ce but.
Moi je rêve d’une langue universelle qui serait enseignée dès le primaire aux enfants du monde entier. Ce serait une belle proposition à faire à l’ONU. Ainsi chaque langue locale continuerait d’être parlée par chaque peuple sans être menacée par une langue dominatrice et tout le monde pourrait communiquer dans la langue seconde universelle qui serait neutre du point de vue de la facilité et des références culturelles. Cela aiderait à mettre fin aux querelles linguistiques, aux malentendus de toutes sortes et nous pourrions évoluer vers autre chose.
Guy Richer 27 novembre 2017